La Jeune Parque



La Jeune Parque est un poème tout à fait singulier dans l'histoire de la poésie française.

Très hermétiques, mais pas de la même façon qu'un Mallarmé qui disloque la syntaxe, les vers de Paul Valéry dans cette Jeune Parque le sont à la fois par le sujet abordé (la conscience qui prend conscience d'elle même) et par la syntaxe, les ellipses, les métaphores, et les images employées.

Avec La Jeune Parque, on est face à une poésie abstraite, "cent fois plus difficile à lire qu'il n'eût convenu", comme l'avouait Paul Valéry, et dont le sens ne devait se dégager que très progressivement. Mais pourtant, dès les premiers vers, le poème nous transporte : une mystérieuse contrée, qu'on imagine antique, une voix, un corps, un chant, un destin, ... « Qui pleure là, sinon le vent simple ... ? »

Quatre ans de travail et six cents pages de brouillons pour «Faire un chant prolongé, sans action, rien que l'incohérence interne aux confins du sommeil ; y mettre autant d'intellectualité que j'ai pu le faire et que la poésie en peut admettre sous ses voiles ; sauver l'abstraction prochaine par la musique, ou la racheter par des visions, voilà ce que j’ai fini par me résoudre à essayer, et je ne l'ai pas toujours trouvé facile.»

Et finalement, Paul Valéry signa un poème de cinq-cent douze alexandrins «qui, grâce à la musique verbale, transpose une idée abstraite et revêche dans un érotisme onduleux, la pureté de l'idée étant atteinte à travers la pureté de la sensation, sans l’intermédiaire du sentiment.» (André Durand, le Comptoir Littéraire).

J'ai trouvé que cette idée de marier abstraction et sensualité, qui caractérise si vivement La Jeune Parque, était riche de possibilités de transpositions picturales, et j'ai donc tenté une série de compositions essentiellement non figuratives, mais où l'élément sensuel est toujours présent.

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