Qu'est-ce que le Stylus Phantasticus ?
En cette fin du XVIe siècle italien, la musique baroque naît du projet de retrouver cet art perdu du théâtre grec antique, qui réunissait poésie, déclamation, musique, danse, chant, peinture et sculpture. L'art polyphonique qui régnait alors sans partage dans tout l'Europe musicale, était totalement incompatible avec la mise en valeur d'une poésie par la musique, puisque l'essence même de la polyphonie est de superposer des voix suivant des procédés très complexes qui rendent inintelligibles les paroles : le baroque est l'art de magnifier les émotions portées par un poème en les amplifiant par la musique, qui se chante à une seule voix, accompagnée par les instruments.
Peut-on transposer cela dans le domaine des arts graphiques ? C'est ce que je me suis appliqué à faire, en m'inspirant du Stylus Phantasticus.
Le Stylus Phantasticus est une forme de musique baroque qui s'est manifesté en Allemagne un peu plus tard, avec Buxtehude, Bach, Bruhns, Froberger et d'autres ; c'est un style de "composition libre, où l'imagination se livre à tout ce qui se présente à elle", comme l'exprimait si justement François Couperin.
Or une composition graphique peut tout à fait suivre ce principe : prenez une photographie numérique, considérez-la non pas comme un résultat abouti, mais comme le point de départ d'un voyage où l'imagination chemine sans contrainte dans l'infinie variété des transformations logicielles d'images, laissez-la cheminer autant qu'elle veut, mais arrêtez-la quand l'image obtenue est digne d'intérêt, et vous voilà en possession d'une nouvelle image qui était parfaitement imprévisible au regard de la photographie originale.
C'est ainsi que la plupart des compositions graphiques présentées ici ont été réalisées ; elles procèdent de l'esprit baroque qui s'est imposé il y a maintenant plus de quatre cents ans, par leur mise en résonance avec des poèmes. Le chœur antique les déclame, représenté par un masque grec, à la fois distant et présent, qui nous prend à témoin, mais se retire quand on le sollicite.
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